vendredi, 05 décembre 2025 Faire un don
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« Rejetez la politisation de la chaire » : Des théologiens aux évêques catholiques d’Afrique

Les théologiens du Réseau Panafricain de Théologie et de Pastorale Catholique (PACTPAN) ont publié un avis pastoral à l’intention des membres du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), les invitant à faire preuve de prudence dans leur manière d’interagir avec la politique tout en menant la mission prophétique de l’Église.

Dans cet avis que PACTPAN a partagé avec ACI Afrique le jeudi 13 novembre, les théologiens ont rappelé aux évêques catholiques d’Afrique et aux autres agents pastoraux du continent la feuille de route en 12 points dévoilée en août pour orienter le ministère de l’Église en Afrique jusqu’au prochain Jubilé (2025-2050).

Parmi les piliers adoptés lors de la 20ᵉ Assemblée plénière du SCEAM à Kigali, au Rwanda, les évêques ont souligné le thème « Église et politique », appelant à un engagement prudent de l’Église dans les affaires politiques.

Dans leur avis pastoral du 13 novembre, les théologiens de PACTPAN ont mis en lumière les crises qui frappent de nombreux pays africains en raison de la mauvaise gouvernance, et ont rappelé aux membres du SCEAM leur vision exprimée à Kigali : promouvoir la justice et la dignité humaine tout en évitant les « enchevêtrements partisans » avec la politique.

« Alors que novembre 2025 ouvre le douzième pilier de la Vision 2025–2050 du SCEAM, l’Église est invitée à réfléchir et à agir sur l’une des questions les plus décisives de notre époque : la relation entre l’Église et la politique », a indiqué le réseau, qui regroupe également des prêtres, des religieux, des agents pastoraux, des défenseurs de la justice sociale et d’autres intellectuels.

« Conformément à la vision 2025-2050 du SCEAM, nous encourageons les évêques et les responsables pastoraux à… refuser le patronage partisan déguisé en partenariat », a déclaré PACTPAN, exhortant également les responsables de l’Église catholique en Afrique à « rejeter la politisation de la chaire et de l’autel ».

Exprimant leur inquiétude face à l’instabilité politique dans de nombreux pays africains, les théologiens ont déclaré : « À travers l’Afrique, la colère suscitée par la corruption, le chômage, le coût élevé de la vie, l’aggravation de la pauvreté et l’effondrement des services de base alimente la désillusion envers le leadership démocratique et provoque des troubles sociaux. »

Ils ont ajouté que les troubles politiques et les manifestations consécutives aux crises postélectorales rendent la gouvernance semblable à une « gestion permanente de crise ».

Selon eux, l’Afrique se trouve aujourd’hui à « un carrefour historique ».

« La démocratie recule, les libertés civiques se rétrécissent, et la gouvernance est de plus en plus capturée par des élites politiques et économiques qui ne montrent aucun engagement sérieux pour le bien commun, l’inclusion de l’État, l’opposition et la diversité politique », ont-ils poursuivi.

Évoquant des exemples de crises persistantes, ils ont souligné : « Du Nigeria au Kenya, de l’Ouganda à la Tanzanie, de Madagascar au Cameroun, les citoyens réclament justice, responsabilité et un leadership qui serve le bien commun plutôt que des gouvernements oppressifs, insensibles et intéressés uniquement à se maintenir au pouvoir. »

Ils ont ajouté que la colère des jeunes Africains, du Maroc à Madagascar et de la Tanzanie à la Côte d’Ivoire, reflète leur « soif inextinguible » d’une Afrique meilleure qui garantisse leur avenir et réalise leurs aspirations dans un continent pacifique et prospère.

Les membres du PACTPAN ont également attiré l’attention sur les dangers du « patronage d’État », avertissant du risque de complicité lorsque l’Église ne maintient pas un équilibre dans sa relation avec la politique.

Selon eux, l’engagement de l’Église en politique doit toujours être guidé par l’indépendance de conscience et la sagesse tirée de l’histoire mouvementée des relations Église–État.

Ils ont toutefois regretté que, dans de nombreux contextes africains, une culture de patronage d’État menace de compromettre la liberté de l’Église.

Les théologiens citent le cas du Nigeria, où des dirigeants politiques cherchent à gagner en légitimité en finançant des projets ecclésiaux et en apparaissant à des événements liturgiques, brouillant la frontière prophétique entre l’autel et le pouvoir.

« Au Kenya, en Ouganda et au Rwanda, les régimes politiques courtisent souvent les responsables ecclésiaux pour obtenir une approbation morale tout en réduisant au silence les voix critiques », ont-ils expliqué, ajoutant qu’en Zambie et dans certaines parties d’Afrique centrale, des prêtres et des religieux sont intégrés dans des réseaux de patronage via des contrats gouvernementaux, des privilèges ou une protection.

« De tels enchevêtrements minent le témoignage de l’Église », ont-ils déclaré, avant d’ajouter : « La mission prophétique de l’Évangile ne peut pas être financée par les mêmes pouvoirs qu’elle doit convertir. La coopération avec l’État ne doit jamais devenir une soumission. »

« Le patronage affaiblit la crédibilité, fracture l’unité ecclésiale et réduit au silence la parole prophétique qui doit consoler les affligés et troubler les confortables », ont affirmé les théologiens.

Dans leur avis, ils proposent que les évêques et agents pastoraux en Afrique procèdent à un audit et à une divulgation publique systématiques des collaborations Église–État, afin de garantir la transparence et l’indépendance.

Ils recommandent également que les évêques forment les prêtres et les laïcs à un engagement civique non partisan enraciné dans la doctrine sociale de l’Église.

Ils suggèrent une stratégie pastorale pour novembre 2025 visant à passer « de la vision à l’action », fondée sur l’éducation civique, l’évangélisation et le renforcement des commissions Justice, Paix et Développement de l’Église.

Ils mettent aussi en garde contre l’utilisation des plateformes ecclésiales pour des campagnes ou des collectes partisanes.

Par ailleurs, les théologiens proposent une formation des jeunes et des acteurs des médias pour un engagement politique responsable, soulignant que les jeunes Africains ne sont « pas seulement l’avenir de l’Église ».

(L'histoire continue ci-dessous)

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Ils ont déclaré que les jeunes constituent la conscience de l’Église africaine, ajoutant : « Leurs cris pour la justice, l’inclusion et la dignité font écho au même Évangile qui nous appelle au témoignage prophétique. »

« L’Église doit écouter non seulement leurs protestations, mais aussi leurs rêves, les défendre et marcher à leurs côtés pour bâtir une société meilleure qui honore leur avenir », ont conclu les théologiens.

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